Retour des laboratoires sociaux de l'imaginaire

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Un colloque, des disciplines

Les laboratoires se sont terminés samedi à Nice sous la brillante organisation d’Ugo Bellagamba, Giulio-Cesare Giorgini, Eric Picholle, Yannick Rumpala et Marina Tellier, merci à eux. Nous ne prétendrons pas ici prolonger, interpréter ou analyser à chaud ces multiples échanges mais uniquement se faire les messagers de discussions qui n’ont été que des ouvertures, et nous le faisons de manière parfaitement partielle et subjective.

Il semble que nous pouvons dégager deux grandes thématiques qui tissent deux lignes de réflexion : comment la science-fiction nous permet d’explorer les hypothèses de l’avenir sous la forme d’expérience de pensée, non seulement portant sur la technologie, la science, mais aussi le droit, très présent durant cette session , l’économie ou la politique ; et comment la technologie et ses imaginaires ainsi fabriqués peuvent influencer réellement et symboliquement le grand public. Dans les deux cas se pose le problème fondamental de l’idéologie de celui qui produit initialement la fiction et suggère les espoirs et peurs à venir, définissant ce qui est, pour elle ou lui, plus souhaitable, et consitue donc un objectif politique et social, mais également ce qui constitue les menaces à venir dont il faut se prémunir.

Quelle science-fiction ?

Penchons nous ici sur l’idée même de science-fiction. Certains ont défini la science-fiction comme une conjecture rationnelle, ouvrant largement les portes de l’anticipation ou de la prospective. D’autres limitent la science-fiction aux conséquences des développement technoscientifique, séparant alors formellement la prospective de l’évocation des possilités et risques du progrès technologique.

Nous ne trancherons d’autant pas cette question que certaines interrogations rendent la distinction presque impossible. Prenons le cas du metavers, des robots et des avatars, largement discutés durant ces journées, ces progès technologiques ne peuvent s’analyser qu’en faisant autant appel au droit qu’à la sociologie qu’à l’économie du numérique. L’élément qui rend cette intrication si complexe est la distance temporelle très faible, puisque toutes ces technologies existent et que les changements sociétaux sont amorcés. Autre sujet discuté, les représentations du fameux Plan B pour la Terre qui consisterait à embarquer pour une autre planète dans des arches futuristes une partie de l’humanité de notre planète finissante, six des neuf limites planétaires ayant été déjà dépassées . L’horizon temporel est là bien plus lointain, voire très très lointain, autorisant des formes spéculatives étendues par le simple fait du nombre considérable d’incertitudes qui pèsent sur ce type de scénarios.

Dans tous les cas, nous pourrions imaginer, science-fiction ou anticipation, que leur lecture participe à ce que certains appellent la littéracie du futur (voir par exemple la proposition de Riel Miller dans le cadre de l’UNESCO), autrement dit la connaissance des modes de réflexion autour de l’avenir, en attendant avec impatience un Ministère du futur . Une étude qui vient de paraître dans Nature montre une nouvelle fois que la connaissance de la science, mais osons extrapoler à la connaissance sur le monde en général, est un des facteurs principaux qui limite le bullshit, plus précisément la surconfiance en ses propres connaissances sur des sujets complexes, complexité chère à Eric Picholle et à Riel Miller cité à l’instant. L’idée que les fiction, et la SF en particulier, permette d’offrir des fictions réflexives sur l’avenir sur lesquelles appuyer une forme de connaissance scientifique, quelque soit la discipline, n’est surement pas anecdotique.

Conclusion

La science-fiction est un Oufupo, un ouvroir de futurs potentiels, ça ne veut pas dire grand chose ou tout dire, mais ça résume plutôt bien l’état d’esprit, quelque chose entre une fiction spéculative, un recueil d’hypothèses sur un monde à venir, un exercice de pensée scientifique et sociael, une délimitation idéologique des possibles et très largement aussi un lieu d’aventures textuelles et visuelles étonnantes.


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